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Au bout de quelques minutes, Mylord se mit à sourire et rouvrit ses yeux que le sommeil ne chargeait point.

— Madame, dit-il d’un air goguenard, ma nuque s’engourdit : avez-vous assez regardé ?

— Vous ne dormiez donc pas ? demanda la baronne.

— Non ; je voulais vous laisser la facilité de bien voir.

Il se mit sur son séant et rattacha le bouton de sa chemise en ajoutant :

— Je suis un gentleman. J’apprendrai vite le métier de prince, et la grosse dame qui est ma chère maman pouvait tomber plus mal !

— Quel petit serpent vous faites ! murmura Laure qui avait les yeux baissés.

Mylord sourit orgueilleusement et rétablit avec soin le nœud de sa cravate. Laure continua :

— Je vous avais témoigné beaucoup de confiance, Donat, une confiance absolue.

— C’est-à-dire, madame, que vous comptiez vous servir beaucoup de moi.

— J’avais pour vous une véritable affection…

— C’est-à-dire, traduisit encore l’élève de Jos. Sharp en rougissant pour tout de bon, que vous aviez dirigé vers moi des regards coupables.

Il s’était redressé. La fière sincérité de la vertu éclairait sa prunelle. Laure garda son sérieux.

— Comment se fait-il que vous ayez cassé le vase du grand salon ? demanda-t-elle.

Mylord perdit du coup une notable portion de son arrogance.