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qui ne vous cherchait plus ; vous avez lâché votre proie splendide pour l’ombre de la sécurité. Elles sont toujours à vous, ces richesses, mais vous n’en pouvez plus disposer. La loi, que vous avez essayé de tromper, les a mises aux mains d’une chère et sainte créature que vous aimez, que vous avez raison d’aimer et qui serait la plus adorable des femmes sous la protection d’un époux.

C’est justement cette protection qui lui manque.

Elle est seule, car le conseil de famille, nommé par les tribunaux, est composé de telle sorte que la réunion de ses membres est difficile, presque impossible.

Le Ghika et le Courtenay vivent à Bucharest, le survivant des Comnène habite la Terre-Sainte, Rohan défriche ses forêts de Hongrie… les autres sont je ne sais où… Mme la marquise est donc bien seule et submergée par cette opulence qui masse autour d’elle des cohues de cupidités.

Ce qui est pillé, ravagé et saccagé chaque année par ses gens de maison vous paraîtrait fabuleux, mais qu’importe cela ? On peut puiser à l’océan sans le tarir : je ne m’occupe même pas de ce vol organisé qui ferait vivre cent familles. C’est le fonds seul qui m’intéresse ; c’est le fonds qu’il faut défendre.

Le fonds est attaqué par ces chiourmes de flibustiers dont je vous parlais tout à l’heure et dont je désignais la principale sous ce nom : Les cinq. Vous attirez les aventuriers comme les gisements d’or d’Australie ou de Californie.

Que faire à cela ?