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— Une fois pour toutes, interrompit Pernola, je n’accuse personne. Bien au contraire, je plains ma noble cousine du plus profond de mon cœur. Mais parce qu’elle est victime d’une audacieuse imposture, faut-il que vous laissiez ruiner, déshonorer, traîner devant les tribunaux peut-être…

— Battista, Battista, fit M. de Sampierre en chancelant tout assis qu’il était, je suis de ceux que les paroles tuent. Mes domaines du Danube sont loin. S’il le faut, je fuirai jusque-là ! Est-il encore temps de fuir ?

— Vos domaines du Danube appartiennent au fils de Domenica Paléologue, répondit le comte.

Il ajouta, en prenant les mains tremblantes et glacées du marquis :

— Je vous affirme sur mon honneur que je vous sauverai si vous ne vous mettez pas contre moi !

— Contre vous, mon cher, mon seul ami ! s’écria M. de Sampierre qui eut des larmes plein les yeux ; contre vous, Battista, mon protecteur et mon ange gardien ! Non, non ; bien loin de là ! Je suis à vous, je me donne à vous, secourez-moi ! je vous en prie !

Pernola fronça le sourcil et dit d’un ton sévère :

— Giammaria, si je ne vous savais le plus brave des hommes, je croirais que vous tremblez ! Reprenez possession de vous-même. Notre explication sera courte désormais, et j’ai confiance qu’elle va être décisive. D’abord, mettez-vous bien ceci dans l’esprit : tout danger cesse, toute menace est supprimée du moment que nous sommes d’accord, vous et moi. Ce n’est ni pour