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— L’attaque a commencé, répondit-il, le jour où vous avez reçu d’Amérique la photographie de l’imposteur qui va vous dépouiller du même coup des biens de Sampierre et des biens de Paléologue.

Une lueur passa dans les yeux du marquis, et c’était de l’espoir.

— S’il vivait ! murmura-t-il ; si j’avais un fils !…

— Vous avez la science, dit froidement Pernola. Personne mieux que vous ne peut savoir si la blessure faite par vous était mortelle.

Les deux mains de M. de Sampierre s’appuyèrent contre sa poitrine et il dit :

— Je souffre, Battista, ayez pitié de moi !

Les traits de Pernola exprimaient, en effet, une respectueuse compassion.

— Dieu m’est témoin, s’écria-t-il avec chaleur, que je ne plaide pas pour moi. Éventuellement, j’ai des droits à l’héritage de Sampierre, c’est vrai, mais je suis prêt à me démettre de ces droits par acte authentique. Si ma qualité d’héritier vous inspire de la défiance, j’y renonce… Ah ! ce n’est pas de l’argent que je voudrais vous sacrifier, Giammaria, c’est tout le sang de mes veines !

M. de Sampierre ouvrit ses bras. Pernola s’y précipita.

— Est-ce que vous croyez, demanda le marquis dont les paupières étaient mouillées, que la princesse-marquise se mettrait contre moi ?

— Elle est mère. Elle se mettrait avec son fils… avec celui qu’elle croira être son fils.