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Il rapprocha son siège ; le marquis lui tendit la main en disant :

— Venez au fait, Battista.

— Mon noble cousin, ce n’est pas dans la mort que vous êtes réfugié, mais dans la folie. Vous venez de me l’avouer vous-même. Au lieu de combattre la demande d’interdiction qui était intentée contre vous, votre parti pris a laissé faire. C’était calcul, je le sais bien…

— C’était prudence ! interrompit M. de Sampierre. Il y avait une instruction commencée contre moi.

— Ne discutons pas : vous êtes plus éloquent que moi. Malheureusement, les faits sont contre vous : l’interdiction a été prononcée. Le gouvernement de vos biens immenses est resté entre les mains de l’excellente et chère femme…

— Ne dites rien contre Domenica ! interrompit encore M. de Sampierre. C’est vous qui avez été son conseil dans l’affaire de l’interdiction.

— M’aviez-vous prévenu ? s’écria Pernola amèrement. Il aurait suffi d’un mot, d’un signe : avez-vous dit le mot ? Avez-vous fait le signe ? Allez-vous me reprocher d’avoir été trompé comme les autres par la fatale habileté de votre jeu ? Tout ce que vous voulez vous le faites. Vous avez voulu jouer la comédie et vous avez été un comédien sublime !

Le marquis eut son vaniteux sourire.

— Aussi, dit-il, ne craignez rien : si j’ai fait une faute, je saurai bien la réparer !

— Dieu le veuille ! En attendant, j’accomplis mon