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— Moi, je ne suis pas mort, poursuivit M. de Sampierre, et si tu essayais de m’assassiner, Battista, je t’écraserais !

Pernola haussa les épaules avec pitié :

— À quoi bon vous assassiner, mon cousin Giammaria ! murmura-t-il : vous n’avez même plus les cent mille ducats dans votre armoire.

Sous les yeux baissés du marquis, un cercle d’ombre se creusait.

Pernola, qui l’examinait à la dérobée, vit bien qu’il était grand temps de changer de note.

Il reprit tout d’un coup l’attitude et le ton du respect pour ajouter :

— Giammaria, mon bienfaiteur et mon ami, non-seulement je ne vous assassinerai pas, mais je vous sauverai, si Dieu m’assiste. Pour vous sauver, la première chose à faire était de vous montrer la gravité de votre situation.

— Vous ne m’en avez encore rien dit, murmura le marquis avec un restant de rancune, combattue par l’inquiétude naissante.

— C’est vrai, mais je vous ai forcé à m’écouter. Désormais ce mot de ruine qui vous faisait sourire met des rides à votre front. C’est bien ce que je voulais, et il fallait cela. Le dévouement du médecin ne doit pas reculer devant une opération douloureuse. Pardonnez-moi si j’ai employé le langage des paraboles : je vous aime tant et je vous respecte si profondément que je ne savais pas comment frapper le premier coup.