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Personne ne partageait son secret, à l’exception de sa maîtresse et de son favori qui auraient donné leur vie pour lui, car il les avait comblés tous les deux de bienfaits.

Un matin, après une de ces bonnes nuits qu’il avait maintenant, il s’éveilla en sursaut. Quelque chose le chatouillait à la gorge.

Il y porta les mains avant d’ouvrir les yeux, et sentit une corde qui se nouait autour de son cou. Alors il appela sa maîtresse et son favori.

— Nous sommes-là, répondirent deux voix amies.

Et notre homme, ayant regardé, vit son favori à droite de son oreiller et sa maîtresse à gauche qui tenaient chacun un bout de la corde.

— Malheureux ! s’écria-t-il, pourquoi m’assassiner ?

— Pour les cent mille ducats qui sont dans votre armoire, maître.

— Dieu vous punira.

— Nous ferons pénitence.

— La loi me vengera…

La maîtresse et le favori éclatèrent de rire.

— Vous avez mis bon ordre à cela, dit le favori.

— Nous accusera-t-on d’avoir tué un mort ? ajouta la maîtresse.

Et ils tirèrent…

Le marquis avait écouté d’un air sombre.

Il releva la tête quand Pernola eut achevé et dit :

— Moi, je n’ai pas de maîtresse.

— Tant mieux pour vous, mon cousin !