Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.

naître. Il fléchit sous le coup, puis il se redressa, éperonné par la notion vague et menaçante de ce fait qu’il était le juge, le maître !

Que faire ? il le savait. Les plus faibles ont leur parti pris avant de provoquer l’oracle.

Pendant un temps qui sembla très-long aussi bien à la femme qu’au mari, la crise entamée violemment s’arrêta. Le sang remonta aux joues de Domenica et ses yeux s’emplirent de larmes.

— Avouez-vous ? demanda M. de Sampierre, qui détourna d’elle son regard.

Au lieu de répondre elle demanda à son tour :

— De quel droit me soupçonnez-vous ?

Puis, cédant à un brusque élan de révolte, elle appela :

— Phatmi, Savta, je veux quelqu’un ! J’ai peur !

M. de Sampierre lui serra le poignet. Elle redevint très-pâle et se tut.

Le jour avait baissé déjà dans la chambre, mais Domenica put voir que la figure de son mari changeait d’expression pour la seconde fois.

Sur ses traits, la colère faisait place à une sorte de calme.

Il commanda le silence d’un signe raide et froid ; puis, marchant d’un pas pénible, il gagna la porte qu’il ferma à clef en dedans.

Puis encore il revint et s’assit devant la tête du lit.

De nouveau sa figure était de pierre.

Il fixa son regard clair et froid sur la jeune femme,