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Domenica, relevée sur son séant et tordant ses couvertures d’une main convulsive, appelait au secours.

Elle n’avait pas vu d’abord son mari, tant le douloureux réveil l’avait prise en sursaut.

Quand elle vit son mari, elle se rejeta tout au fond de sa ruelle avec terreur.

L’angoisse physique faisait trêve. Elle fixa sur M.  de Sampierre des yeux étonnés et troublés.

— Que me voulez-vous ? dit-elle. Où est Phatmi ? où sont Savta et Mitza ? Ordonnez qu’on aille chercher le docteur. Qu’on aille bien vite ! m’entendez-vous ?

M.  de Sampierre ne répondit pas. Domenica se mit à trembler de tous ses membres, et balbutia :

— Monsieur, que faites-vous chez moi tout seul ? Pourquoi ne parlez-vous pas ? Jamais je ne vous ai vu ainsi, Giammaria… Phatmi me parlait ce matin de ce duc qui a tué sa femme. Je ne vous ai pas fait de mal, moi…

Une angoisse lui coupa la parole. Elle jeta un cri. M.  de Sampierre lui dit rudement :

— Taisez-vous !

Elle eut la force d’obéir, tant son épouvante était grande.

Et, il faut bien le dire, l’homme qui se tenait debout devant elle était terrible à voir. La fureur concentrée qui le possédait ne se traduisait par aucun des signes extérieurs et habituels de la colère. Son visage exsangue restait immobile, ses yeux demeuraient baissés. Aucun tressaillement n’agitait ses mains tombantes et