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lucide. Je vais vous enseigner ce qu’il faut faire pour sauver le frère de celui que j’aime.

Laurent joignit les mains et voulut parler. Strozzi mit un doigt sur sa bouche. Il ouvrit sa boîte à médicaments. Maria, sans tâtonner, y choisit une fiole.

Après quoi, elle rabattit son voile, disant :

— Approchez cet élixir de ses lèvres.

Le docteur obéit. Maria ajouta :

— Ouvrez les yeux, Jean de Tréglave, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit !

Les paupières du prétendu mort se soulevèrent à demi. Laurent se traîna sur ses genoux et baisa les mains de la belle fille en pleurant.

Pendant cela, le comte Pernola rentrait au palais Sampietri.

Il trouva M.  le marquis de Sampierre assis à son piano et jouant un menuet de Mozart avec ce grand air de gravité qu’il mettait à toutes choses.

— J’ai vu, dit Pernola qui tremblait encore.

M.  de Sampierre acheva les dernières mesures et demanda :

— Vous êtes sûr de ne vous point tromper ?

— Je suis sûr.

M.  de Sampierre ajouta :

— Ne me parlez plus jamais de cet incident avant le délai que j’ai fixé. Nous partons demain pour Bade. On y danse et Domenica a envie de danser. C’est un plaisir innocent qui fut connu et honoré dès l’antiquité la plus reculée. Je deviendrai habile dans cet art comme en tout…