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c’est alors qu’il a mis ces deux mots sous enveloppe.

— Faites entrer ici et attendre, dit Laure. Allez.

Elle avait tourné le dos. Si habituée qu’elle fût à composer ses traits, elle sentait bien cette fois que son visage parlait malgré elle.

Le papier contenu dans l’enveloppe n’avait qu’une ligne ainsi conçue : « À Laura-Maria, de la part du vicomte Jean de Tréglave. »

Hély se retira et revint l’instant d’après au petit salon avec M. Vincent, qui prit place paisiblement dans le fauteuil, occupé naguère par Domenica. Laure n’était déjà plus là. Elle avait passé dans le grand salon et refermé la porte sur elle. Il semblait que la foudre l’eût touchée. Elle se pencha vers le trou de la serrure pour voir celui qui venait d’être introduit. M. Vincent s’était assis juste en face de la serrure ; il feuilletait des papiers, Laure le considéra attentivement.

— Laura-Maria ! murmura-t-elle. Vingt ans écoulés ! Jean de Tréglave ! l’ai-je donc évoqué ? Et c’est cet homme-là, Vincent Chanut, un des plus adroits limiers de Paris qui entame la partie contre moi ! vais-je perdre ?

Elle regarda tout autour d’elle avec égarement ; elle avait presque oublié son autre rendez-vous, mais les débris d’un vase de porcelaine, épars sur le tapis, aux abords de la fenêtre, la ramenèrent vers les nécessités de la situation.

Ceci était l’ouvrage de l’Esprit, et Laure avait quitté le petit salon précisément pour avoir une explication avec l’Esprit.