vrai… Ah ! qui peut nier la bonté de Dieu ! Quelle mère pourrait reconnaître, après vingt ans, le petit enfant qu’elle n’a pas revu depuis l’heure où il tomba de son sein ! Ils disaient que j’étais folle d’espérer, folle de chercher et ils avaient bien raison, puisqu’ils comptaient sans la miséricorde de Dieu ! c’est la blessure elle-même qui porte témoignage ! Chère belle, est-ce que vous ne m’entendez plus ?
La tête de Laure fit un signe imperceptible.
— Vous êtes mieux, n’est-ce pas ? On ne meurt pas de cela ! Dites-moi ce qu’il faut que je fasse pour vous éveiller. Est-ce que vous êtes encore fâchée ? Tenez, je baise le bas de votre robe, je me traînerai à vos genoux ! c’est vous qui me l’avez rendu, mon Domenico ! mon amour ! mon Dieu ! Je vous aime presque autant que je l’aime !
Laure eut encore un mouvement de lèvres :
— Le miroir !
La marquise le lui présenta, et Laure dit plus distinctement dès qu’elle l’eût touché :
— La bague !
Au moment où Domenica la lui tendait, Laure se souleva sur le coude. Sa main droite entoura le poignet de la marquise comme un bracelet de glace.
— On meurt de cela ! dit-elle très-bas, répondant à l’un des derniers mots de sa compagne. Jamais je ne serai si près de la mort sans y tomber. Je vous défends de me dire, quand je vais être éveillée, ce qui s’est passé pendant mon sommeil. Vous entendez : je vous le défends !