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enfant trouvé, mais il ne savait rien de sa naissance et son imagination tremblait précisément cette fièvre de curiosité qu’il fallait à Laure.

Elle se dit : « Celui-là est mon comédien de bonne foi. »

Dès le lendemain de la rencontre, Édouard vint à la maison de Ville-d’Avray. C’était ce « beau petit, » mentionné dans la conversation de Mlle Félicité et de M. Germand.

Nous n’avons pas besoin de faire remarquer au lecteur à quel point Édouard remplissait les autres conditions du rôle. Il avait ce qu’il fallait d’américain dans l’accent et dans la tournure ; son âge était le bon, et même, malgré la distance qui sépare un adolescent maladif d’un robuste jeune homme, il avait dans l’ensemble de ses traits quelque chose (on pourrait l’avoir à moins !) qui rappelait feu le comte Roland de Sampierre.

Laure était contente d’elle-même et de son œuvre. Tenant d’une main la mère, de l’autre le prétendu fils, elle les rapprochait peu à peu, croyant les tromper tous les deux, et, par le fait, prodiguant des miracles de science coquine à produire la manifestation de la vérité même.

Son siège était commencé ; la lettre-miracle de ce matin ouvrait la tranchée. Cette lettre avait fait sauter, nous l’avons vu, le cœur de la pauvre mère dans sa poitrine.

Édouard n’avait plus qu’à se montrer…