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ce fut la mort du jeune comte Roland ; ce furent surtout les efforts bruyants tentés par Domenica pour retrouver son second fils.

Le pupille de Laurent de Tréglave était désormais l’unique héritier de l’immense fortune des Sampierre.

Il y avait mille à parier contre un que Laurent et son pupille étaient morts, dévorés à leur tour par le désert américain, puisque ni l’un ni l’autre n’avait répondu aux retentissants appels de la pauvre mère.

Pour la Française, devenue baronne de Vaudré, il ne s’agissait donc plus de retrouver Domenico, cette vivante mine d’or, mais bien de le créer — de toutes pièces.

C’était hardi, mais Laure était hardie : elle voulut que cette création fût un chef-d’œuvre, sinon de vérité du moins de vraisemblance.

Mort ou vivant, Domenico lui était inconnu, mais elle s’était rencontrée plusieurs fois avec feu le jeune comte Roland. C’était un point de départ : il fallait trouver tout d’abord une nature de jeune homme qui ne s’éloignât pas trop de celle de Roland, un visage auquel on pût appliquer à la rigueur ce terme vague : l’air de famille.

Il fallait l’âge : vingt ans ; il fallait la qualité d’étranger, l’accent, la tournure, quelque chose du caractère américain. Quoi encore ? le talent et la bonne volonté de remplir le rôle ?

Non.

Ceci n’était pas nécessaire, et voilà où Mme  la baronne se révélait vraiment femme d’État. Il y a des rôles trop