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pesait la main de Dieu, et la mère, — je parle de vous, madame, — maîtresse absolue dans la maison, veuve du vivant de son mari, courant le monde, plus folle que le malheureux marquis lui-même, agenouillée le matin, dansant le soir, pleurant d’un œil et riant de l’autre, payant les neuvaines de la main droite et de la gauche les violons…

— Oh ! chérie !… Et il vous avait crue ?

— Non, madame ; il ne croyait qu’en vous.

— C’était un bien bon homme, dit Domenica en s’éventant avec la lettre miraculeuse, mais s’il avait ramené tout uniment mon Domenico au bout d’un an ou deux, nous ne serions pas dans la peine et lui-même vivrait encore, ceci soit dit sans reproche.

Laure garda un dédaigneux silence.

— Quant à vous, ma petite, reprit la marquise, je vous ai menée un peu rudement tout à l’heure, et vous me gardez rancune. C’est tout simple. Nous ferons notre paix en temps et lieu… Ne me parlez plus que de mon fils.

— Vous ne demandez même pas comment Tréglave est mort, dit amèrement la baronne.

— J’ai assez pleuré… Mon fils, je vous ordonne de revenir à mon fils !

Laure se tourna vers elle tout d’une pièce comme ces statues de saints que le moyen-âge posait sur pivot, au faîte des cathédrales.

— Pensez-vous m’effrayer ! s’écria la marquise, à qui vint la chair de poule.

— Regardez encore l’écusson de Tréglave ! prononça