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hison. Là-bas, la trahison est la loi. Un Mexicain trahit comme il respire.

Les Mexicains, jaloux des premiers succès de mon père, qui avait conquis en quelques semaines des mines d’une richesse inestimable, l’abandonnèrent pour s’unir aux Indiens et dressèrent autour de son camp une gigantesque embuscade. Personne d’entre nous ne serait sorti vivant de ce tombeau sans l’arrivée d’une troupe de mineurs français, peu nombreuse il est vrais, mais qui avait pour chef le vicomte Jean de Tréglave…

— Ah ! ah ! fit la marquise, voilà l’intéressant qui vient !

— Jean de Tréglave, poursuivit Laure, me sauva, mais orpheline. Mon père était couché mort au milieu d’un cercle de cadavres mexicains.

— Pauvre chère ! murmura la marquise. Et après ?

M.  de Tréglave avait connu mon père en France.

Il me prit sous sa protection, il devint mon tuteur et mon frère.

— Rien que cela, trésor ? demanda la marquise.

Elle fut punie de ce mot par la réponse suivante :

— Madame, vous parlez à une honnête femme et je vous parle d’un homme qui avait un grand amour dans le cœur.

Domenica rapprocha son fauteuil en disant :

— Mille excuses, ma bonne petite. Votre histoire m’attache beaucoup et je n’ai jamais estimé personne mieux que vous. Mais la bague ?

— La bague est un héritage.

— Et cet échange d’influences magnétiques entre un