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heureuse mère, l’instant est proche ; votre fils vous trouvera sans vous chercher, et désormais chaque heure qui sonne peut vous mettre tous les deux en présence. »

— Exact ! fit la marquise. Mais ce n’est pas fini.

Laure le savait bien. Elle venait de constater par le prodige de cette vision oblique qui est le privilège des femmes, comme la vision nocturne est la propriété des chats, que la lettre, écrite par elle-même, avait subi une altération.

On y avait ajouté quelque chose.

— Cherchez, ma toute belle, dit la marquise sans ironie aucune et avec une entière bonne foi. Vous avez bien le droit d’être un peu fatiguée ; je vais vous aider si vous voulez : Voyons ! Un esprit peut-il avoir deux écritures ? Ou bien y a-t-il deux esprits, dont l’un se laisse lire par vous et dont l’autre résiste à votre effort ? C’est si étonnant, les fluides ! Vous pouvez voir que je m’entends assez bien à tout cela, hein ?

Laure porta la main à son front.

— Je souffre, prononça-t-elle avec peine. Ma vue se trouble. J’ai peur.

Puis tout à coup, et comme on appelle au secours, elle s’écria :

— Éveillez-moi ! Éveillez-moi !