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cautions, j’en prendrai ; de la prudence, j’en ai de reste, sans faire semblant de rien. D’ailleurs, je suis bien sure de reconnaître mon Domenico entre mille et à première vue. Que Dieu me l’envoie seulement, voilà tout ce que je lui demande.

Depuis qu’on l’avait arrêtée, Laure était muette. La marquise attendit un instant sa réplique, puis elle reprit :

— Êtes-vous en état de remarquer le sang-froid dont je fais preuve en ce moment, chère belle ? Les circonstances où je me trouve sont extraordinaires, mais je n’en suis pas effrayée. Tout en examinant l’ensemble de la situation, mon esprit peut saisir le moindre détail. Tenez ! il se fait depuis un quart d’heure environ un petit bruit dans la pièce voisine : je l’entends très-bien et je désirerais en connaître la nature.

Il s’agissait de ce grattement léger, presque imperceptible que nous comparions naguère au travail d’une souris. Laure, toujours docile, répondit :

— Cette porte communique avec le salon où il n’y a personne. L’autre porte du salon a été fermée à clé par moi-même.

— Si j’allais voir, cela vous déplairait-il ?

— Non, madame : vous avez intérêt à sauvegarder votre secret.

Domenica se leva aussitôt. Quand elle eut dépassé Laure, celle-ci laissa tomber son masque de statue et son regard, tourné vers la porte, exprima une très-vive curiosité.

La marquise pénétra dans le grand salon qui était