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l’envahissement du Dieu, il est certain qu’un émoi mystérieux radiait autour d’elle.

On ressentait cela à distance comme l’action d’un foyer.

Ces préliminaires dégageaient je ne sais quoi d’ébranlant, et des esprits beaucoup plus solides que celui de la bonne marquise en auraient subi l’influence.

Pendant la moitié d’une minute qui s’allongeait à la taille d’une heure, Laure resta immobile et droite, l’œil voilé, la prunelle fixe, repoussant son propre regard que le miroir dardait sur elle.

Si vous eussiez demandé la mesure de ce temps à Domenica, elle vous aurait répondu : un siècle.

Et par le fait, toutes les parties de son corps tremblaient déjà et commençaient l’émeute des membres suppliciés par la fatigue, comme si elle eût gardé la même position énervante pendant le quart d’une journée.

Laure fronça le sourcil et dit avec colère :

— Ne bougez donc pas, madame !

— Mon Dieu, chère mignonne, répondit humblement la marquise, ce n’est pas ma faute. Je vous jure que je fais de mon mieux !

— Taisez-vous ! prononça Laure plus rudement et d’un accent indigné.

La sueur coulait à grosses gouttes sur les tempes et sur les joues de Domenica, mais elle n’en tremblait que plus fort.

Laure frappa du pied violemment et se leva tout