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c’est égal, Seigneur, je n’ai point d’orgueil et me voici agenouillé comme le premier venu, pour entretenir les bonnes relations qui existent entre vous et moi. »


L’immense église de marbre était éclairée fort inégalement et les nefs latérales restaient presque vides, pendant qu’un noyau compacte se pressait aux environs du chœur où la Congrégation chantait le salut. Autour de cette foule pieuse, des curieux allaient et venaient, comme toujours en Italie. Là-bas, chacun fait un peu comme M.  de Sampierre et met quelque chose dans son oraison : des rendez-vous, par exemple. Dieu est si bon enfant, là-bas !

Les deux cousins faisaient en vérité contraste avec la frivole apparence des promeneurs qui entouraient la Congrégation. M.  de Sampierre, pénétré des bontés qu’il avait pour l’Éternel, se drapait dans son recueillement de première classe, et Pernola le suivait, si fervent et si doux qu’il lui poussait une auréole autour du front.

— Battista, dit le marquis en approchant du chœur, ayez la bonté de regarder à droite pendant que je veillerai à gauche.

— C’est pour vous obéir, Giammaria, répondit l’excellent petit comte, ni vous ni moi, nous ne verrons rien.

Ils regardèrent tous les deux. Le marquis ne vit rien, en effet, mais Pernola avait l’œil d’Italie, bien supérieur, quoi qu’on dise, à l’œil américain. Du premier coup, il