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Sa main pâle pressait le bras de la marquise. Celle-ci repartit avec élan :

— Je n’ai rien à vous taire, ma chérie ! L’avertissement que vous me donnez prouve bien votre délicatesse, mais je n’en profiterai pas. Je veux que vous sachiez tout de moi, puisque vous ne me cachez rien de vous.

Laure la remercia d’un serrement de main et demanda :

— Cette seconde fois, est-ce que je ne vous dis pas autre chose ?

— Si fait, répondit Mme  de Sampierre, vous me dites : « Prenez garde à l’homme d’Italie… »

— Ah ! murmura Laure, j’ai dit cela !

Puis elle ajouta après un silence :

— Et vous avez compris ?

La marquise fît un signe affirmatif.

— Moi, je voudrais ne pas comprendre, dit la baronne, car M.  le comte Pernola m’a toujours semblé un homme bon et dévoué. Il est de mes amis.

— Ah ! pauvre chérie ! s’écria la marquise, les amis ! est-ce qu’on sait ! à l’exception de vous, tout le monde me fait peur ! Voyez-vous, je suis trop riche, voilà le malheur. Et encore, ici, à Paris, les gens qui viennent chez moi et mes hommes d’affaires eux-mêmes ne savent pas comme je suis riche. C’est effrayant tout uniment ! Je reçois souvent des lettres anonymes qui me disent : « Prenez garde ! vous ne connaissez pas vos propres affaires, on vous vole… » Et après ? qu’est-ce que cela me fait ?

Laure avait les yeux baissés.