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dit qu’elle est peut-être ma cousine. J’ai perdu la lettre où Michela me recommandait d’aimer beaucoup, beaucoup M.  de Sampierre… Tiens, voilà que je pense encore à danser !

Ses paupières battaient.

— Et au vicomte Jean ? murmura Phatmi, qui riait tout à fait.

— Oui, balbutia Domenica dont la tête charmante se renversa sur son épaule : justement. Je n’ose pas demander à M.  de Sampierre qu’il me mène au bal. Ce serait drôle de le voir danser, lui, M.  de Sampierre…

Elle dormait. Petraki se montra sous les arbres. Il était depuis peu le mari de la grande Phatmi, et il avait la taille voulue pour cela.

— Ce soir, dit-il, à l’Arène, il y a course de carrosses aux flambeaux. La Domenica s’y amuserait comme une reine !

M.  de Sampierre n’était plus à la croisée. Il avait repris sa promenade de long en large et relisait la lettre que Petraki lui avait remise tout à l’heure. Elle était d’une écriture de femme et disait :


« Marquis, tu es plus vieux que tes trente-cinq ans. Le sais-tu ? Ta femme avait hier, aux vêpres du Dôme, une délicieuse robe de Paris : l’as-tu vue seulement, toi qui ne vois rien ? La marquise remettra cette robe pour venir au salut, ce soir, parce que le vicomte Jean lui a dit : elle vous va bien. »


Huit heures sonnant, M.  de Sampierre traversait à pied la place de la cathédrale, appuyé sur le bras du