Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/342

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mère, je vous promets de ne pas sortir de Paris.

— Merci ! Et veille au grain des deux côtés ! Mets une cuirasse qui te couvre jusqu’au bout du nez…

— C’est convenu, mère.

— Tu ris, méchant garçon ! Il y a bien des héros dans les Victoires et Conquêtes qui ne sont pas moitié si braves que toi. Ce n’est pas pour t’arrêter au moins ce que j’en dis ; il faut aller au contraire grand train et tout droit, car j’ai idée que leur mécanique est montée, et si tu attendais à demain, peut-être qu’il serait trop tard.

M.  Chanut lui donna une paire de gros baisers et descendit l’escalier quatre à quatre.

Vers ce même instant, capitaine Blunt rentrait à son campement de la rue des Minimes.

En principe, la façon de vivre qu’il avait choisie n’est peut-être pas le moyen le plus adroit de cacher la présence d’un étranger à Paris, mais jusqu’à présent le hasard l’avait assez bien servi et c’est à peine si quelques voisins s’étaient inquiétés de son installation plus que sommaire.

Il passait pour un original, ce qui arrange tout.

Il y a à dire d’ailleurs, en faveur de ce système du « bivouac en chambre, » que le danger d’exciter la curiosité de quelques locataires étonnés est compensé amplement par l’absence de tout espionnage domestique.

Et beaucoup de gens sages pensent qu’on ne saurait payer trop cher l’inestimable bien-être produit par l’absence de tout « bon serviteur. »

Capitaine Blunt trouva maître Édouard déjà revenu