— « Tu vas me tuer, s’écria-t-il.
— « Je le sais bien, » répondit Yanuz…
— Après ? fit M. Chanut.
Capitaine Blunt avait cessé de parler. Il reprit avec fatigue :
— Je m’étonne de dire ces choses, car pendant que Phatmi me parlait, c’est à peine si je la comprenais. Elle ne m’avoua pas que Yanuz avait renversé l’échelle, mais elle allait répétant : « C’est le démon ! » et la misérable femme me serra le cœur quand elle me dit : « J’ai tant pleuré que la lumière de mes yeux s’est noyée dans mes larmes ! »
— Alors, demanda Vincent, ce petit coquin de Yanuz tua son père ?
— Oui… Je le crois.
— Par rancune de l’ancienne blessure ?
— Non… Il demandait le prix de son sang : le secret.
— Quel secret ?
— Laissez-moi me souvenir… Il paraît que le père et le fils disputèrent longtemps : Le père en haut, le fils en bas de l’échelle. Le père voulait descendre, le fils disait : Je te défends de bouger. Je suis le maître. Rends-moi tout mon sang ou donne-moi le grand secret ! »
— Mais quel secret ? répéta Chanut.
— L’aveugle ne me l’a pas dit. Quand ce fut fini, Yanuz vint lui-même annoncer que son père s’était cassé le cou en tombant, et comme sa mère lui reprochait d’être un assassin, il la saisit aux cheveux, disant : « Je suis le maître ! Je veux le secret ! Il faut que l’on me paye mon sang ! Je le veux ! »