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semblé en quelques semaines une grande quantité d’or ; mais une nuit, les Indiens étaient venus…

— Tout meurtre commis par un sauvage, interrompit M. Chanut, laisse après soi sa preuve irrécusable. Le vicomte Jean n’avait pas été frappé par les Indiens, puisque son crâne gardait sa chevelure. Est-ce vrai ?

— C’est vrai.

— Parmi les compagnons de votre frère, il y avait une femme : la connaissiez-vous ?

— Je savais que l’un des compagnons de mon frère était marié.

— Ceci est une erreur : la Française, comme on appelait cette femme, ne portait le nom d’aucun des compagnons de votre frère. Elle suivait alors un gambusino, ou chercheur d’or, nommé Arregui.

Elle était jeune et très-belle.

Le vicomte Jean, qui était arrivé le premier au placer, passait pour avoir mis à part le dessus du panier. On disait que sa cachette contenait la charge d’un homme en poudre pure, pépites ou nuggets.

La Française se rapprocha de lui.

Quand les Indiens (ils appartenaient à la peuplade guerrière des Apaches) surprirent l’établissement et l’incendièrent, vous étiez déjà en route pour répondre à l’appel du vicomte Jean.

Quatre hommes seulement, sur vingt, se retrouvèrent vivants après le départ des Indiens. On enterra quatorze morts.

Votre frère et la Française avaient disparu…

M. Chanut fit ici une pause.