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— Quand même je vivrais cent ans, répliqua le comte, je resterais toujours votre inférieur. Je vous demande la permission de parler avec franchise, Giammaria : vous avez eu tort de soustraire cette lettre. Ma chère, ma noble cousine ne mérite pas vos soupçons.

M.  de Sampierre vint s’asseoir auprès de lui. Il prit la lettre qui était signée Michela, princesse d’Aleix, et lut à haute voix :


« Chère Domenica,

« Je n’ai plus que vous, Dieu m’a pris ma pauvre petite Carlotta ; je vous aime comme si vous étiez ma fille. J’ai passé près de vous quinze jours bien heureux, et pourtant, j’ai emporté de votre maison une inquiétude : votre mari est jaloux… »


— C’est le tort que vous avez, interrompit Pernola avec une certaine sécheresse : le grand tort !

M.  de Sampierre lui adressa un signe de tête caressant.

— Vous êtes un généreux cœur, Battista, dit-il, mais Mme la princesse d’Aleix en sait plus long que vous. Elle écrit comme une femme. Moi, je comprends sa pensée secrète à travers les lignes. Écoutez seulement.

Il continua sa lecture :


« Votre mari est jaloux. Savez-vous pourquoi ? C’est qu’il ne peut voir en vous qu’une jeune fille portant un enfant dans ses bras. Éveillez-vous, devenez femme,