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me rendra fou. Je suis sûr qu’il se moque de ma surveillance. Cela sent la robe de soie, ici, quelquefois, quand je rentre.

M.  Chanut eut un demi-sourire.

— On peut louer une sentinelle, murmura-t-il. Pourquoi vivez-vous seul ?

Capitaine Blunt se pencha au-dessus du cadre et baisa le malade au front sans l’éveiller.

— Vous trouvez mon Édouard plus défait ? murmura-t-il avec inquiétude en se relevant.

— Je trouve qu’il faut vivre à Paris comme tout le monde, répondit M.  Chanut.

Capitaine Blunt haussa les épaules et rentra dans le premier salon. Son compagnon l’y suivit aussitôt.

Tous les deux prirent place sur des chaises de paille, auprès d’une petite table en sapin, encombrée d’objets assez caractéristiques. On y voyait, entre autres choses, une paire de revolvers grand format, une ceinture à or, en apparence bien garnie, des journaux américains, une théière, une tasse, un large couteau mexicain, capable de guillotiner un bœuf et qui venait de servir à étendre du beurre sur une tartine de pain anglais.

Rien de tout cela ne manque précisément à Paris, mais je ne sais pourquoi capitaine Blunt, ses pistolets et sa teinture emportaient la pensée à mille lieues de Paris.

Outre les deux chaises et la table, une fois le lit parti, le salon était complètement dépourvu de meubles.