Charlotte attendit. Joseph avait l’air de fuir une explication. Quand elle lui demanda enfin pourquoi il ne s’était pas acquitté de sa commission, il répondit en rougissant :
— Il y avait une femme au chevet de M. Édouard.
Charlotte rougit aussi, mais ce fut pour pâlir tout de suite après.
— Une femme… jeune ? demanda-t-elle.
— Moins jeune que lui, mais…
— Mais quoi ?
— Très-belle.
Charlotte essaya de sourire. Joseph avait les sourcils froncés.
— Est-ce que vous entendiez, hier au soir chez nous, pendant que M. Édouard me parlait de l’autre côté de la porte, princesse ? reprit-il après un instant.
— Oui, répliqua Mlle d’Aleix, je crois avoir entendu tout ce qu’il a dit avant de perdre connaissance.
— Alors, vous savez qu’il m’avait donné une commission pour Ville-d’Avray…
— Pour Mme Marion, oui.
— C’est bien le nom qu’il avait dit.
— Il devait dîner avec elle aujourd’hui, dit Charlotte dont la joue redevint rose.
— C’est cela. Eh bien ! quand il m’a vu, il a souri en regardant la femme qui était à son chevet et il m’a dit : « Joseph, mon garçon, ne va pas à Ville-d’Avray, la commission est faite. »