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pose une si lourde charge, et qui n’aurait pas trop de nous deux, vous allez bien le voir, pour l’aider à supporter son fardeau. La situation est triste, elle va vous étonner : je n’hésite pas à dire qu’elle est très-dangereuse pour Mme  la marquise et pour nous. Notre fortune, qui éblouit tant de convoitises, est grandement, oui, grandement menacée.

Charlotte laissa voir tout son étonnement.

— Je croyais, dit-elle, que ma cousine ne dépensait pas le quart de son revenu.

— Avec la dixième partie de son revenu, répartit Pernola en levant les yeux au ciel, j’entends de son ancien revenu (il appuya sur le mot ancien), Mme  de Sampierre aurait eu de quoi mener un train beaucoup plus brillant que le sien.

— Ce sont donc ses charités ?… commença Charlotte.

— Elle a le cœur excellent, interrompit Giambattista, oh ! excellent ! mais avec la dixième partie de son revenu (l’ancien) elle aurait fait bouillir la poule au pot chez tous les pauvres de la paroisse… Écoutez ! tout d’abord, constatons que la question d’argent n’est rien pour moi. Je n’ai pas de besoins. Je vivrais avec vingt mille livres de rentes, et comme un prince, encore ! Seulement, j’ai ma responsabilité. Personne ne sera obligé de croire qu’il était déjà trop tard quand j’ai accepté, sans émoluments aucuns, la mission impossible de nettoyer ces écuries d’Augias. Il y a eu de nombreuses ventes…

— Des ventes ! répéta Charlotte stupéfaite.

— Considérables… énormes ! Vous me demanderez pourquoi ? Les motifs sont de deux sortes, il y en a