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Le comte poursuivit d’une voix moins assurée :

— Je ne prétends pas, comprenez-moi bien, que le crime d’hier ait un rapport quelconque avec les embarras de notre famille. Je puis avoir des soupçons, la certitude me manque. Je ne prétends pas non plus, du moins je me garderai d’affirmer que le décès lamentable de notre Roland si regretté doive être attribué à autre chose qu’une maladie…

— Alors interrompit Charlotte, dont la voix frémissait de colère, que tentez-vous d’insinuer, mon cousin ?

— Je n’insinue rien, répondit Pernola, je dis ceci : il y a un énorme tas d’or ; pour le garder, est-ce assez d’une femme et d’un fou ?

Son regard fut choqué brusquement par celui de Charlotte, qui dit avec une ironie contenue :

— D’autres veillent. Vous oubliez au moins une de ces sentinelles. N’êtes-vous pas là, vous, mon cousin Giambattista ?

Celui-ci salua aussitôt d’un air reconnaissant et satisfait.

— Mille grâces, dit-il, pour la justice que vous me rendez. Oui, c’est la vérité, je suis là, et rien ne m’éloignera de mon poste, mais je me lasse d’y être seul, et je crois avoir le droit d’exiger un peu d’aide.

— Est-ce à moi que vous demandez cela ?… commença Mlle  d’Aleix.

— C’est à vous, interrompit Pernola, et c’est à vous seule. Je vous prie de m’écouter de bonne foi, comme je parle. Dans tout dévouement humain, il y a le côté