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— Est-ce tout ? demanda Charlotte, qui écoutait encore quoique Joseph eût fini de parler.

— Oui, maîtresse, c’est tout.

Charlotte demeura un instant pensive. Elle était très-pâle et regardait à ses pieds.

— Joseph, dit-elle brusquement, je vous remercie. Allez où je vous ai envoyé. Ne donnez la lettre que si M.  Édouard est seul… et revenez me rendre compte de votre commission. Je vous attends.

Le bon garçon s’éloigna aussitôt. Mlle  d’Aleix descendit l’escalier derrière lui et poussa sans hésiter la porte du salon où le comte Giambattista l’attendait, demi couché sur le divan dans une attitude pleine de grâce et feuilletant négligemment un album.

Nous ne saurions nous en dédire, c’était un Italien charmant aux rayons du soleil comme au clair de la lune. Aujourd’hui, de plus qu’hier, il avait ces séductions toutes fraîches que donnent la poudre de riz nouvellement appliquée et le travail récent du coiffeur.

Cette figure lisse et poncée sous le noir brillant des cheveux n’avait ni une ride ni un pli. Les yeux luisaient, les sourcils chatoyaient, la fine moustache semblait être en jais filé, les joues en biscuit de Sèvres sortant du four.

Et le costume valait le mannequin : toilette de maison et de berger : pantalon caressant, gilet chatouilleur, chemise suave, jaquette nacrée comme le matin d’un joli jour, cravate négligemment souriante qu’une fée avait trempée dans de l’opale liquide, bas de soie camé-