Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 1.pdf/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui, chez la nourrice. Mais on peut bien vous dire encore cela pour vos deux billets. Il vint une bonne dame qui s’intéressa à l’enfant.

— Qui était cette dame ?

— Je ne m’en souviens pas pour le moment. Ma mémoire est si drôle ! elle a des rats comme les clarinettes.

— Et Laura-Maria, que devint-elle ?

— Maria avait soixante mille francs dans sa poche et son talent. C’est de l’argent, ça !

Le Poussah se mit à « curer » sa pipe en regardant M.  le comte d’un air narquois. Il y eut un silence, après quoi Pernola demanda :

— Et en quoi tout cela me concerne-t-il ?

— Farceur ! répondit le père Preux en émiettant son tabac.

Les beaux sourcils noirs de Pernola se froncèrent. Le Poussah chargea, alluma et reprit :

— Pardonnez-moi ce mot d’amitié, voisin. Vous êtes comme la somnambule, vous avez du talent. Est-ce que vous croyez, vous, qu’on ne peut pas avoir de bons yeux sans avoir passé par la préfecture ? Écoutez encore : il y a aujourd’hui dans Paris un homme qui revient de loin, loin, loin, et qui rapporte de la poudre de perlimpinpin plein son sac. Il se fait appeler capitaine Blunt. Si cet homme-là avait eu l’idée de s’adresser à moi, qui vous parle, au lieu d’entrer dans la stupide boutique du Vincent Chanut, je ne donnerais pas cinquante centimes du trou de mine que vous creusez depuis vingt ans et plus ! Mais ce bonhomme, qui revient de si loin, et qui ne s’appelait pas Blunt autrefois, ah !