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— Je plaisantais.

— C’est bien, répondit le Serbe. Ne plaisante plus de la sorte.

Le lendemain, il y avait encore des cerises. C’était la saison.

Au dessert l’ancien factotum était pensif. Il rougit deux ou trois fois comme si une parole difficile à prononcer lui eût pendu de la langue.

— Le petit comte Roland, dit-il, n’est pas grand pour son âge.

— Depuis qu’il est au monde, répondit Phatmi, il est toujours malade.

— Comme notre gars se porte bien ! reprit le Serbe. Le petit comte Roland sera prince Paléologue et marquis de Sampierre. Rien que les biens entre Bucharest et Giurgevo valent douze belles fortunes de ce pays de France. Il héritera du tout…

— S’il vit, fit observer la Tzigane.

— Oui, s’il vit, répéta Pétraki. Fais donc encore avec les cerises sur la gorge de notre petit Yanuz.

Mais Phatmi serra l’enfant contre sa poitrine en frissonnant.

— Non, non ! s’écria-t-elle, je ne veux pas qu’il ait du mal !

Le Serbe dit.

— Ne vois-tu pas que je plaisante !

Le troisième jour, en mangeant des cerises, on parla encore de cela. Ni l’un ni l’autre ne plaisantait.

Phatmi demanda :