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— Vois ! dit-elle tout à coup.

Pétraki regarda et ses sourcils se froncèrent.

— Quel jeu est-ce là ? demanda-t-il.

— C’est très-ressemblant, répondit la Tzigane à voix basse.

— Ressemblant à une gorge coupée… efface cela !

— Ressemblant à la blessure du petit Domenico, la nuit de sa naissance.

— Tu l’as donc vue, la blessure du petit Domenico ? dit le Serbe qui baissa la voix à son tour.

— Oui, je l’ai vue… et tu la vois aussi, car la voilà.

Il y eut encore un silence. Ce fut la Tzigane qui reprit, avec un certain embarras et en se donnant l’air de plaisanter :

— Le petit Domenico ne reviendra jamais, et quelque jour, la Paléologue sera veuve. Un enfant qui dans vingt ans d’ici porterait une cicatrice pareille à cela sous sa cravate aurait des millions, mon mari.

— Mais il y a l’autre, l’aîné, le comte Roland…

— Quand notre petit Yanuz ne ferait que partager… Je ris, tu vois bien… mais tu as étudié pour soigner les chevaux de Paléologue, tu es presque un chirurgien, et d’ailleurs, tu sais tout faire. Si tu voulais…

— Tais-toi, dit le Serbe, nous sommes de bonnes gens : restons ce que nous sommes.

Il se leva, mouilla sa serviette et lava le cou du petit Yanuz.

Phatmi dit :