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concierges criaient plus haut que les autres et les gens de justice furent abondamment sifflés quand ils arrivèrent, sur le coup de midi, pour interroger la maison vide.

Le soir, il y eut dans quelques journaux un article vague, annonçant le départ d’un richissime ménage étranger. On y parlait de rumeurs sinistres et d’émotions populaires. Cela se terminait par la formule consacrée : « La justice informe. »

Le comte Pernola prit la peine d’aller jusqu’au palais de justice et se mit à la disposition du parquet. Toujours utile, ce cher garçon !


Deux ou trois semaines après, vers le milieu du mois de juin, dans une chambre assez propre dont la croisée regardait Paris du haut de Ménilmontant, un ménage d’ouvriers aisés achevait son repas du soir.

Il n’y avait plus sur la table qu’un reste de cerises, dont le jus marquait de larges taches rouges un lambeau de journal.

Par terre, sur une couverture de soldat étendue, un beau bébé se roulait.

— L’argent s’en va, dit Phatmi qui avait l’air triste. Je ne sais pas le métier des femmes de chambre de Paris, et il est trop tard pour apprendre.

— Il faut venir à Paris, répondit l’ancien factotum de l’hôtel Paléologue, pour savoir ce que valent nos pays. C’est misère et vanité, ici : ça fait pitié. Notre argent s’en va.

— Et il y a notre petit Yanuz, ajouta la Tzigane qui