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CHAPITRE VIII.

ce moment, son imagination surexcitée brodait sur le fond vrai mille détails curieux. Il mettait à ménager l’intérêt de son récit cette coquetterie du romancier qui tient toujours son lecteur en haleine.

Ils étaient arrivés à Paris presque en même temps, Montalt et lui. Le hasard les avait rapprochés tout de suite. C’était au Cercle des Étrangers que la rencontre s’était faite.

Robert venait là, escorté de ses deux acolytes et armé de toutes pièces contre les injustices du sort.

Montalt, lui, cherchait à tuer le temps, à secouer cet ennui qui le prenait à la gorge, au milieu de sa vie dorée.

Comme le nabab jouait gros jeu, comme il gardait un sang-froid pareil en perdant des sommes énormes ou en amoncelant devant lui des tas d’or, les nouvellistes du cercle firent en sorte de savoir bien vite quelle était sa position dans le monde.

Robert flaira en lui une dupe de première qualité.

Nous savons qu’il était au besoin homme d’excellente compagnie. Les avances qu’il risqua furent discrètes et convenables ; on ne les repoussa point.

Au bout d’une ou deux semaines, il put se