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CHAPITRE VI.

bien que Montalt fît semblant de croire parfois que le tout passait au budget de ses plaisirs.

Le soir, en revenant du jeu, Montalt entrait dans une chambre ornée de tout ce que le luxe peut offrir de plus merveilleux. Une fois sortie de cette chambre, la femme qui y était entrée n’y devait plus rentrer jamais. Ce n’était pas néanmoins un exil, car elle avait droit dorénavant de franchir la porte close de l’hôtel et d’assister aux magnifiques fêtes du nabab.

Ce qui n’était pas un mince privilége.

M. Smith n’avait pas encore été au dépourvu, et pas une fois, la chambre consacrée ne s’était trouvée vide à l’heure où le nabab rentrait d’ordinaire.

Mais celui-ci, en cela comme en toute autre chose, avait ses caprices soudains et impérieux. Il lui arrivait bien souvent de passer franc devant la chambre, au devant de laquelle veillaient les deux noirs, sans même jeter un regard à l’intérieur.

Ces soirs-là, il entrait seul dans son appartement, dont il fermait la porte à double tour. On l’entendait se promener longtemps et à grands pas sur le parquet de sa chambre à coucher. Parfois, ses serviteurs curieux prétendaient avoir ouï, à travers la porte, comme un sourd gémissement…