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LES BELLES-DE-NUIT.

La richesse, le luxe prodigue et somptueux étendaient comme un vernis sur les contrastes trop heurtés qui eussent pu déparer la demeure de Montalt. Le désordre est plus beau parfois que toute symétrie. Cela était beau comme le désordre.

Montalt était là, d’ailleurs, servant lui-même de lien vivant à toutes ces choses disparates, et adoucissant les contrastes, à force de présenter en sa propre personne tous les contrastes réunis.

C’était son œuvre ; l’œuvre achevée, il n’y songeait plus guère, et vivait là comme il eût vécu ailleurs, indifférent à ces merveilles créées avec tant de passion.

Suivant la morale commune, qui est assurément la meilleure, il menait là, dans sa délicieuse retraite, une existence assez peu exemplaire.

Les trois dieux idiots du vaudeville : le jeu, le vin, les belles, étaient sa religion.

Il buvait comme un vrai lord ; il jouait comme un possédé du diable ; il aimait comme don Juan. Où son inconstant amour n’avait-il pas été, depuis les pécheresses divinisées par la mode et se faisant une gloire de leur galanterie, jusqu’à ces Madeleines modestes qui glissent et tombent derrière le voile ? Depuis Lola, notre