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LES BELLES-DE-NUIT.

Champs-Élysées et la place Beauveau. C’était une retraite choisie d’où la vue rencontrait partout des arbres, du gazon, des fleurs, et nulle part l’autre côté de la rue, cette odieuse barrière qui borne l’horizon parisien ! nulle part la fenêtre curieuse du voisin ; nulle part le dos de ces civilisés qui passent des heures en contemplation devant les vitres des cordonniers ou des marchands de parapluies.

Et c’était charmant ! Une sorte de riant palais, bâti sous le règne de Louis XV, alors que les bosquets de Beaujon étaient bien loin de Paris encore et cachaient seulement les façades mignonnes des folies nobles ou financières.

L’hôtel Montalt, comme on l’appelait déjà dans le faubourg, affectait la forme régulière d’un château du XVIIIe siècle dessiné par Péronnet ou Gabriel.

C’était un corps de bâtiment carré, flanqué de deux pavillons symétriques. Au-dessus du deuxième étage, dont chaque fenêtre avait à son sommet des têtes rieuses de nymphes ou de satyres, régnait une galerie ajourée, tournant autour du toit et le masquant presque entièrement. Sur le fronton triangulaire, Coustou le jeune avait taillé deux dryades, couchées à demi et soutenant un écusson de marbre.

Sous le fronton, quatre colonnes doriques