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LES BELLES-DE-NUIT.

pour atteindre la porte. On allait en entendre de belles.

La pauvre Cyprienne n’écoutait plus. Diane, elle, avait laissé la couverture à moitié faite. Sa tête se penchait sur son épaule. Un sourire étrange errait autour de sa lèvre. Son front était pensif, et ses grands yeux, perdant leurs regards superbes, étaient devenus tout à coup rêveurs.

— Entendez-vous ?… reprit madame Cocarde exaspérée par le sourire de la jeune fille ; je vous jure bien, mesdemoiselles en haillons, que vous attendrez longtemps une occasion pareille ! Je me serais fait fort de vous obtenir, moi, tout ce que vous auriez voulu… Trente bonnes mille livres de rente, car cet homme-là est fou !… Des créatures comme ça refuser trente mille livres de rente !… Dites donc, avez-vous l’argent de votre mois pour me payer ? Ah ! ah ! j’ai été trop bonne avec vous ! Demain soir, foi d’honnête femme, les gens du grenier iront coucher dans la rue !…

Diane restait toujours calme. À la voir, on eût dit que toutes ces paroles insultantes ne lui étaient point adressées.

À ces derniers mots, pourtant, elle se tourna vers madame Cocarde avec lenteur.

La principale locataire, qui crut à une attaque,