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CHAPITRE V.

la différence des situations… Je ne vous dis pas de mettre des robes de soie, comme moi… mais de bons corsages en laine bien doublés… voilà ce que je voudrais vous voir !

Elle sortit de sa poche un petit couteau d’écaille un peu plus long qu’une épingle, et s’en servit en guise de cure-dent.

— Il n’y a rien d’ennuyeux comme les cuisses de bécasse pour rester comme cela entre les dents !… poursuivit-elle sans ponctuer par le moindre silence son intrépide bavardage. Aimez-vous la bécasse, mes amours ?… C’est un gibier qui coûte toujours assez cher… mais, Dieu merci ! ma situation me permet de ne pas trop regarder à la dépense… Asseyez-vous donc là sur votre lit, mes belles… car il n’y a plus qu’une chaise… Vraiment, pour bien peu de chose vous pourriez avoir un joli petit mobilier… Je ne vous parle pas d’acheter des meubles comme les miens… la différence des situations… mais enfin…

— Madame, interrompit Diane, ce que nous avons nous suffit.

— À la bonne heure, mes trésors !… s’écria madame Cocarde ; on peut dire que vous n’êtes pas difficiles à contenter… Mais si vous ne vous asseyez pas, je croirai que vous voulez me renvoyer.