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LES BELLES-DE-NUIT.

tention de la sentinelle n’était point encore éveillée.

En explorant ainsi les abords de la prison, il aperçut la voiture, arrêtée juste en face de lui.

Le jour grandissait ; on y voyait assez déjà pour qu’il pût distinguer les noirs visages des deux nègres.

En un autre moment, peut-être les aurait-il reconnus tout de suite, car leurs figures l’avaient frappé autrefois sur le pont de l’Érèbe.

Mais il avait autre chose à penser. D’ailleurs, avant qu’il eût pu faire aucune réflexion, la porte de la marquise s’ouvrit pour donner passage à deux jeunes gens qui portaient dans leurs bras une femme malade ou évanouie.

L’âme de Vincent était dans son regard.

Du premier coup d’œil, il avait reconnu Blanche de Penhoël.

Quant aux deux jeunes gens, il ne les avait pas même regardés.

Un cri rauque s’échappa de sa poitrine. Sans plus prendre désormais aucune précaution, il se pendit des deux mains à la corniche et sauta sur le trottoir.

Le bruit de la voiture qui partait avait empêché le factionnaire d’entendre le cri de Vincent. Mais la chute du prisonnier éveilla enfin son attention, et du moins fit-il montre de bonne