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LES BELLES-DE-NUIT.

— La paix, M. Gonelle !… Il est un peu matin… mais les proches parents ça se reçoit à toute heure… et peut-être que madame n’est pas encore couchée.

Elle s’effaça en faisant une seconde révérence. M. Léon et M. Édouard montaient déjà l’escalier quatre à quatre.

Ils sonnèrent. Ce fut Thérèse qui vint leur ouvrir.

La camériste de madame la marquise d’Urgel venait de déshabiller sa maîtresse, elle était elle-même en négligé de nuit.

La vue des deux jeunes gens la surprit bien autant que la concierge, mais c’était une fille intrépide qui ne perdait pas la tête pour les bagatelles.

— Vous vous trompez, messieurs…, dit-elle en éclairant tour à tour les figures d’Édouard et de Léon ; ce n’est pas ici que vous vouliez sonner, je pense ?

Les deux jeunes gens, tout en montant l’escalier, avaient opéré dans leur toilette quelques changements.

Leurs chemises de fine batiste laissaient maintenant tomber, hors de leurs redingotes, des jabots froissés et fripés ; leurs cheveux s’ébouriffaient à la diable, et ils avaient penché leurs chapeaux sur l’oreille en déterminés tapageurs.