Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/249

Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
CHAPITRE XV.

fraya point. Dès les premiers pas il pensait rencontrer des indices. Il se disait : « Je parcourrai toutes les rues, j’entrerai dans toutes les maisons, je visiterai les moindres recoins ! Je trouverai… je trouverai !… »

Il trouva le soir même, comme il dormait, épuisé de lassitude, sur un banc des boulevards, un fonctionnaire public, curieux par état, lequel interrompit son somme pour lui demander son nom et son adresse.

Le pauvre Vincent avait mis six jours pour venir de Rennes, six jours sous la pluie et la poussière. Il était fait à peu près comme notre Bibandier, à l’époque où ce noble baron n’était encore que général de uhlans dans les taillis de l’Ille-et-Vilaine. Il sentait son vagabond d’une lieue.

À la demande du fonctionnaire, il resta fort embarrassé : d’adresse, il n’en avait point, et sa désertion, après le malheureux duel de Madère, ne lui donnait pas grand courage à décliner ses nom et prénoms.

Comme il hésitait, le fonctionnaire public et curieux l’engagea poliment à le suivre. Vincent voulut fuir ; ce fut sa perte. Le fonctionnaire se mit en communication avec quelques sergents de ville qui prenaient le frais là, par hasard, et le pauvre Vincent eut un gîte.