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LES BELLES-DE-NUIT.

parce que cette croyance romanesque sortait tout à fait de son caractère.

Mais l’innocence de Blanche était si manifeste, si radieuse, en quelque sorte, que Robert doutait.

Cela suffisait.

Il s’était dit :

« Si véritablement la petite est vierge de cœur et victime de quelque diablerie, je joue le rôle du diable et me pose en chevalier généreux qui répare noblement sa faute… Corbleu ! je reconnais mon enfant, et je deviens le modèle des pères !… Si, au contraire, la petite a caché son jeu, au sortir de la coque elles sont toutes des comédiennes consommées ! — si elle s’est passé là-bas, à Penhoël, la fantaisie d’avoir un amant… eh bien ! je suis de plus en plus généreux… j’endosse la faute du coupable… Je donne à la candide créature qui va naître, n’importe lequel de mes illustres noms… j’épouse… et je reçois sur mon habit de noce les larmes de joie de toute une famille attendrie… Toujours en supposant que l’oncle d’Amérique nous fasse l’amitié de revenir… car, s’il reste en chemin, il est bien entendu que ce fade roman ne me regarde pas ! »

Robert avait agi en conséquence de ce raisonnement, et nous savons que Lola suivait ses ordres à la lettre.