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CHAPITRE IV.

— Eh bien ! reprit-il voyant que Marthe ne répondait pas, vous ne dites rien, ma fille ?…

Marthe secoua la tête :

— Huit jours !… murmura-t-elle d’un ton si bas que Diane ne put l’entendre à travers la cloison, c’est bien long !… c’est trop long !

Et comme l’oncle Jean l’interrogeait du regard, elle ajouta :

— La main qui nous jetait chaque soir un morceau de pain s’est lassée, sans doute…

Elle n’acheva point sa pensée, mais ses deux mains touchèrent sa poitrine avec, ce mouvement dont nous avons parlé déjà, funeste pantomime, signal de détresse que tout le monde comprend.

La tête du vieillard se pencha vers la terre.

Diane n’avait rien entendu de ces dernières paroles, mais elle avait vu le geste de Marthe, et cela suffisait.

Elle s’élança tremblante d’émotion. En trois sauts elle eut regagné sa chambre où Cyprienne rentrait, à ce moment, tout essoufflée.

Cyprienne, joyeuse et consolée, mordait à belles dents un gros morceau de pain qu’elle rapportait.

— Ils souffrent là-haut…, dit Diane ; Madame a faim !