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LES BELLES-DE-NUIT.

Tous deux avaient la même pensée. Plus ils réfléchissaient, plus cette idée prenait d’empire.

Qui pouvaient être ces femmes, sinon Diane et Cyprienne elles-mêmes ?

Ce n’avait d’abord été qu’un soupçon vague, et ce soupçon, ils l’avaient repoussé comme une folie, tant que les deux inconnues étaient restées sous leurs yeux.

Ils étaient si loin de penser alors que les filles de l’oncle Jean eussent pu quitter Penhoël !

Mais maintenant ils se souvenaient de ces longues causeries où Diane et Cyprienne ramenaient toujours l’entretien sur Paris. Ils donnaient un sens à certains détails qui les avaient frappés autrefois.

C’était, chez les deux sœurs, une véritable passion que ce lointain amour pour les merveilles devinées de la grande ville.

Et pourtant comment croire ? Elles aimaient tant Madame et leur vieux père !

Mais il y avait la lettre de Redon, qui disait que Marthe de Penhoël et l’oncle Jean avaient été chassés du manoir.

Hélas ! la lettre disait encore que Cyprienne et Diane étaient mortes…

L’esprit des deux jeunes gens se perdait dans un dédale d’émotions confuses.

Mortes ! Ils n’osaient point prononcer cette