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LES BELLES-DE-NUIT.

supposer qu’il y avait en elles quelque secrète pensée.

Cela était en effet. Tandis que les deux sœurs, abritées par le feuillage, contemplaient la belle figure de Montalt, causant avec Robert de Blois, Diane avait serré tout à coup le bras de sa sœur.

Quelques mots rapides étaient tombés de ses lèvres.

Puis elle avait dit :

— Regarde !… oh ! regarde !…

Et Cyprienne avait joint ses deux petites mains en murmurant :

— Que Dieu le veuille !…

Ceci avait lieu au moment où Montalt, se croyant à l’abri de tout regard, détendait pour quelques secondes sa physionomie, et laissait voir le profond dégoût que lui inspirait le récit de Robert.

Et Dieu sait que, pour partir et s’élancer dans les espaces infinis, l’imagination de nos deux jeunes filles n’avait pas besoin d’un point d’appui bien large. Impossible d’imaginer rien de plus frêle que l’hypothèse bâtie par Diane, mais c’était assez, et à dater de cet instant leur esprit travaillait, travaillait…

De sorte que, indépendamment de leurs caractères, qui eussent suffi peut-être à les entraî-