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LES BELLES-DE-NUIT.

Cependant, pour ne garder aucun doute, il ajouta tout haut :

— Voulez-vous me dire comment vous vous nommez ?

— Louise…, répliqua Diane qui serra le bras de sa sœur.

— Berthe…, dit Cyprienne en baissant les yeux.

— J’aurais voulu que ce fussent elles ! pensa le nabab.

Il y avait un peu d’embarras dans la voix de Diane lorsqu’elle reprit :

— Il ne faut pas juger de pauvres campagnardes comme des jeunes demoiselles bien élevées… Nous eûmes tort peut-être de nous adresser à ces jeunes gens… Mais si vous saviez quelle hardiesse cela donne d’être mortes !… Rien ne coûte et rien ne fait peur ! Quand nous hésitons, ma sœur et moi, depuis que nous sommes à Paris, un seul mot lève tous nos scrupules… Et, ce soir encore, lorsqu’on a voulu nous entraîner chez vous, ni ma sœur ni moi nous n’eussions accepté si je n’avais pas dit comme toujours : « Nous ne sommes plus rien sur la terre… Ce qui arrête les jeunes filles heureuses qu’on surveille et qu’on aime ne peut pas nous retenir… Les belles-de-nuit sont libres comme le vent qui les emporte sous le feuillage. »

— Les belles-de-nuit !… répéta le nabab ;