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CHAPITRE IV.

me présentais, je disais : « Donnez-moi de l’ouvrage… je ne demande pas à choisir la besogne… je ferai ce que vous voudrez… »

— Pauvre père ! pensait Diane qui écoutait les larmes aux yeux.

— « Je ne demande pas un gros salaire…, poursuivait Jean de Penhoël ; quand j’aurai bien travaillé, vous me donnerez ce que vous voudrez. » La porte se refermait avant que j’eusse fini… Ou bien on me demandait : « Brave homme, que savez-vous faire ? » Mon Dieu ! autrefois je savais monter à cheval, porter le mousquet et manier l’épée… Je n’ai jamais été obligé d’apprendre d’autre métier, grâce au pain que me donnait Penhoël. Et maintenant que Penhoël n’a plus de pain, je ne peux pas lui en donner moi ! Je répondais : « Je sais bêcher la terre des jardins, porter les fardeaux, balayer les écuries… Ayez pitié !… Faites-moi le valet de vos serviteurs ! — Non… non… » La même parole toujours !… Dans cet immense Paris où tant d’or se prodigue, quand on est pauvre et qu’on a les cheveux blancs, il faut donc se coucher sur la terre pour attendre la mort !…

Diane collait son oreille aux planches ; elle sanglotait tout bas. Marthe de Penhoël restait froide et semblait saisir à peine le sens de ces paroles désolées.